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Discours d’Andros Kyprianou, Secrétaire Général du C.C d’AKEL, lors du débat sur le Budget de l’Etat

 

18 Décembre 2012, Chambre des Représentants, Nicosie (Chypre)

 

La session de la Chambre des Représentants est appelée à discuter et à approuver le budget de l’Etat dans un moment où la situation générale est très critique, tant à Chypre qu’à l’Etranger. Cette situation pénible est essentiellement le produit des effets de la crise capitaliste présente dans le monde entier, effets qui frappent également Chypre.

Mais, avant d’en venir aux problèmes de l’économie, je voudrais parler de la question de Chypre. Pour la première fois,  le débat public sur les problèmes de l’économie a prédominé sur celui traitant de la question de Chypre. Cependant, nous ne devons pas oublier une chose : aussi  élevé que puisse être le niveau atteint par notre prospérité et notre développement, rien ne sera construit sur des fondations solides tant que perdurera l’occupation, tant que sera suspendu sur nos têtes le cauchemar de la partition.

Pendant que la communauté Chypriote grecque  était en négociations avec la Troïka, au début de Décembre 2012 a été signé,  entre la Turquie et le pseudo Etat,  le « protocole économique » pour la période 2013-2015. Ce protocole contient un grand nombre de projets de privatisations et l’hégémonie politique de la Turquie sur les Chypriotes turcs. L’un des aspects de cette évolution auquel les deux communautés doivent réfléchir est que les vies parallèles que l’occupation turque nous impose, ni les Chypriotes grecs, ni les Chypriotes turcs ne trouveront ce à quoi ils aspirent : la sécurité et la prospérité. D’une part, l’idée cultivée par certains milieux et certaines forces au sein de la communauté Chypriote grecque, à savoir que l’Union Européenne serait une société angélique qui nous protégera, que l’UE nous aidera à atteindre nos objectifs et qu’elle nous accordera de généreux bénéfices, s’est révélée être fausse. D’autre part, l’idée promue dans la communauté Chypriote turque, selon laquelle les Chypriotes Turcs se sentiront prospères et en sécurité sous la protection de la Turquie, s’est également révélée être fausse. Les évolutions en cours dans les territoires occupés doivent nous faire réfléchir et nous préoccuper. La Turquie, au moyen du « protocole financier » est en train de serrer la corde autour du cou des Chypriotes turcs. Dans le même temps, la Turquie impose et  intensifie sa présence non seulement économique mais aussi  militaire dans les zones occupées.

La sécurité et la prospérité ne peuvent pas exister pour le peuple de Chypre sans qu’il y ait des changements dans les politiques et l’approche de la Turquie. Tant que la Turquie persistera, de manière provocante et grâce à la tolérance d’une partie de la communauté internationale, à ne pas se conformer au Droit Européen et International, nous ne pouvons pas être optimistes.

Malgré les efforts et initiatives, nombreux et consistants, entrepris par le Président Christofias pendant son mandat de Président de la République,  il est regrettable que la question de Chypre reste non résolue. La politique suivie aurait-elle été erronée ?  Ce n’est pas dans le vide que le Président Christofias a mené son action pour traiter la question de Chypre. Il a entamé son action pour traiter la question de Chypre à un moment où l’environnement international  faisait acte d’une hostilité injuste à notre égard et où la partie turque était en cours de promouvoir l’établissement du pseudo Etat.

Dans cette situation très difficile, les initiatives prises par le Président Christofias ont eu pour résultat un retournement spectaculaire du climat international. Le Président Christofias  a réussi à faire reconnaître unanimement que la partie chypriote grecque souhaitait très sincèrement parvenir à une solution. Il a réussi à ce que la majorité de la communauté internationale se place aux côtés de Chypre. L’ONU, ainsi que d’autres organismes internationaux, dans de nombreuses déclarations et résolutions, ont  adopté les positions justes de la partie Chypriote grecque. Je rappelle la déclaration faite par Monsieur BARROSO lors de sa visite en Turquie : « maintenant c’est au tour de la Turquie de prouver qu’elle veut une solution ». En outre, nous rappelons les déclarations positives faites par Monsieur MEDVEDEV et Madame MERKEL lors de leur visite à Chypre.

Quoique l’on puisse objecter, depuis le début de son mandat, le Président Christofias a inclus la Turquie, même si ce fut verbalement, dans les Accords de Haut Niveau de 1977 et 1979. C’était la première fois que la partie Chypriote turque acceptait une souveraineté unique, une citoyenneté unique et une personnalité internationale unique, ainsi que le contenu  des notes annexes de l’ONU concernant l’égalité politique.

A partir de 2008, malgré le grand nombre d’efforts faits en ce sens,  la Turquie et le pseudo Etat n’ont pas réussi à la mise en place de celui-ci.  Malgré l’intensité des réactions de la Turquie, malgré les menaces  émises par la Turquie, il ne leur pas été possible d’empêcher le début des forages pour la découverte et l’extraction de gaz naturel par la République de Chypre dans ses eaux territoriales. Tout observateur objectif et bien-intentionné peut se rendre compte que cela constitue un succès éclatant pour Chypre, qui a été rendu possible par la politique étrangère tous azimuts qui a été menée par le gouvernement Christofias. D’ailleurs, le Premier Ministre grec a lui aussi  souligné ce fait en déclarant : « Chypre a beaucoup de choses à nous apprendre concernant l’exercice de ses droits souverains et l’exploitation de ses riches ressources naturelles. D’ores et déjà, Chypre nous a dépassé».

Maintenant, la procédure de règlement de la question de Chypre est stoppée, à cause de la Turquie. La Turquie refus de continuer les négociations, invoquant la Présidence de l’Union Européenne par la République de Chypre. L’exercice de cette Présidence, couronnée de succès, a eu pour effet de renforcer la crédibilité et le prestige de la République de Chypre. La manière dont cette Présidence a été exercée a reçu d’excellents commentaires venus de tous les pays étrangers. Malheureusement, à l’intérieur  de Chypre l’opposition n’a même pas fait preuve de la plus élémentaire magnanimité, refusant d’accréditer cz succès au Gouvernement Christofias.

L’enjeu de trouver une solution est devant nous. Malheureusement, ces efforts n’ont pas conduit à un stade qui nous permettrait d’être optimistes. Devons-nous être fatalistes et accepter cette évolution ? La réponse est définitivement non. Nous devons résister de toutes nos forces, afin que la conscience du peuple de Chypre ne se plie pas à cette occupation. Si nous transigeons et acceptons cette occupation, le jour suivant nous ouvrirons la porte à la partition de notre patrie, c’est-à-dire que nous donnerons raison à la Turquie et à l’impérialisme qui ont commis des crimes contre Chypre en 1974 dans le but d’obtenir la partition de notre pays.

Notre destin sera le même si nous consentons à nous livrer à des politiques aventuristes : qu’il s’agisse de promouvoir une fédération sans consistance et des pourparlers élargis ou de négocier la question de Chypre à partir de zéro, ou encore de mélanger quelques éléments de chacune de ces recettes. Il est très décevant que pour ces élections la question de Chypre ait fait l’objet d’expédients et de surenchères préélectorales.

Comment expliquer autrement le fait que Monsieur LILLIKAS, soutenu par le parti EDEK (Nota : le parti social-démocrate, membre du groupe socialiste) propose avec la plus grande désinvolture de « nettoyer la table des négociations,  peut-être en jetant les Résolutions de l’ONU à la poubelle ? En annulant ce que nous avons convenu avec la communauté internationale et les Chypriotes turcs  — y compris  cet Accord du 8 Juillet au moyen duquel, nous a-t-il dit naguère, le défunt TASSOS PAPADOPOULOS a livré une bataille pour une Fédération bi-communale, bizonale ?

Comment expliquer autrement le fait que, bien que Monsieur ANASTASIADES (Nota : chef et candidat à la Présidence du principal parti de droite le DHSY) ait  autrefois donné des leçons aux autres en disant que nous devons rester engagés à devenir une fédération bi-communale, bizonale, a totalement oublié cette position lorsqu’il a accepté ses accords politiques avec le Parti Démocratique (Nota : le parti du centre DHKO) ?  En fait, il a admis publiquement que s’il ne faisait pas référence à une fédération dans son programme c’était pour convaincre le parti EVROKO (Nota : le parti européen, un amalgame de forces nationalistes de droite)  de soutenir sa candidature à la présidence.

Comment expliquer autrement le fait qu’aujourd’hui Monsieur ANASTASIADES proclame que, s’il est élu,  le jour suivant son élection  il retirera  les propositions soumises par le Président Christofias de la table des négociations ? N’était-ce pas ce même Monsieur ANASTASIADES qui nous a dit qu’il souhaitait être honnête et qui a rappelé à tous que « les lettres et les positions prises de ses prédécesseurs restaient sur la table » ? Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ? Le défunt Président TASSOS PAPADOPOULOS, se référait explicitement à la question du maintien en place des 50.000 colons,  dans le document du 30 Mars 2004 qui contient les positions finales de la partie grecque rédigées immédiatement avant la soumission définitive du plan de Kofi ANNAN. Le Président Christofias n’a fait rien de plus que ce qu’avait fait T. PAPADOPOULOS en soulignant spécifiquement dans le document concerné que la colonisation a été et est toujours un crime de guerre.

Après 2004, le défunt Président TASSOS PAPADOPOULOS n’a pas inclus la Présidence tournante dans les propositions que la partie grecque souhaitait retirer. Personne ne le lui a reproché alors. Pourquoi pensent-ils que cette proposition doit être retirée aujourd’hui ? Le Président Christofias  a mis au clair dés le début que le Président doit être élu par l’ensemble du peuple. Monsieur EROGLOU s’est opposé à la proposition d’un vote ouvert à tous les Chypriotes et le Président Christofias a nettement indiqué que dans ce cas  la partie Chypriote turque devra se contenter d’un Vice-Président permanent. Cette position fait aussi partie de celles validées par la partie grecque.  Si nous retirons cette proposition, le résultat inévitable sera que nous en porterons la responsabilité. Nous laisserons la partie turque  prendre ses marques sans qu’elle en subisse des conséquences et nous lui permettrons de mettre sur la table sa proposition d’une présidence tournante sans vote ouvert à tous et sans l’obliger à payer le prix de ce changement ?

Quant à la question des quatre libertés, permettez-moi de rappeler brièvement ce qui suit : Les quatre libertés dans le cadre de l’Union Européenne sont une chose et les  trois libertés qui concernent uniquement les citoyens de notre Etat en sont une autre,  ces dernières étant inscrites dans les Statuts de l’ONU sur les Droits Humains et dans d’autres Accords Internationaux. Les quatre libertés fondamentales du marché unique n’ont qu’un seul  point  en commun avec les trois libertés fondamentales: la liberté de circulation, mais de manière partielle seulement. Le Traité d’Etablissement de la République de Chypre de 1960  traite de la question des naturalisations de nouveaux citoyens grecs et turcs dans une proportion de 4 à 1. Il ne réglemente pas, ni ne peut  réglementer, la question de l’application des quatre libertés qui sont apparues beaucoup plus tard et concernent les Etats Membres de l’Union Européenne.

L’établissement permanent et la naturalisation de citoyens grecs et turcs à Chypre ont été réglementés par une disposition du plan de Kofi ANNAN, lequel a  prévu de les limiter à 5%, tant pour la population chypriote grecque que pour la population chypriote turque, pendant une période de 19 ans. Le plan ANNAN  n’a fait aucune référence à la question des quatre libertés. Cela signifie que,  si la solution de la question de Chypre proposée dans ce plan est adoptée, les citoyens turcs acquérraient automatiquement tous les droits accordés par  le Traité de l’Union Douanière, tandis que dans l’éventualité d’une adhésion de la Turquie à l’UE ils pourraient exercer sans restriction les quatre libertés, comme c’est déjà le cas pour tous les citoyens de l’UE.

M. ANASTASIADES qui,  en un certain sens, a accusé le Président Christofias  de favoriser la « turquisation »  de Chypre,  a été d’accord avec cela en acceptant le plan ANNAN. Ce que le Président Christofias a soulevé c’est qu’après la fin d’une période  transitoire, les libertés de base de tous les Chypriotes seront effectives de plein droit, sans aucune restriction, à travers toute notre île. Il a discuté d’un « plafond » uniquement en matière d’exercice des droits politiques, afin que, si le nombre des Chypriotes grecs venant s’installer dans la zone sous administration chypriote turque dépassait un pourcentage convenu, tous ceux qui dépasseraient ce pourcentage devront exercer leur droits politiques en tant que Chypriotes grecs et non en tant que résidents de la composante fédérale Chypriote turque. En outre, le Président a aussi soulevé et posé plusieurs conditions préalables : l’acceptation des libertés de base pour tous les Chypriotes, comme indiqué plus haut, la consultation avec la Grèce, la conclusion d’un accord sur la question des colons respectant la proportion de 4 sur 1 pour l’installation de citoyens grecs et turcs,  et l’extension de la restriction sur la question des quatre libertés. Cela signifie tout simplement une restriction  s’appliquant non seulement à l’installation et la naturalisation, mais aussi  au séjour temporaire de citoyens turcs sur l’île pour y exercer une activité professionnelle.

Certaines forces et certains milieux ont été rendus hystériques par la campagne électorale. Toutefois, le désir ardent de se hisser dans le fauteuil présidentiel ne peut, pour personne, être une excuse pour tordre le cou à la réalité. Par exemple, l’immense majorité de Conseil National (Nota : un organe consultatif du Président de la République sur la question de Chypre composé de tous les partis parlementaires et anciens Présidents) est d’accord sur une chose : à savoir qu’il ne doit pas y avoir de pourparlers élargis. En Septembre,  M.ANASTASIADES a  conclu un accord électoral avec le Parti Démocrate. Après cela, il a clamé à tous vents que le DHSY abandonnait sa position en faveur de pourparlers élargis. Le 25 Septembre l’accord électoral a été signé. Le 2 Novembre M.ANASTASIADES, à partir de Londres, a changé sa position politique et soutient à nouveau qu’il est en faveur de pourparlers élargis.  Espère-t-il  accéder à la Présidence de la République avec ce genre de crédibilité et de changements de principes et de positions politiques ?

Quant à M. LILLIKAS, il  se distingue par la même inconstance. Jusqu’en 2077 il soutenait une solution fédérale bicommunale, bizonale. En 2008 il a écrit un livre sur la question chypriote dans lequel il proposait que nous devrions envisager la possibilité d’une fédération sans liens précis.  Aujourd’hui, il recommande d’abandonner le cadre convenu et il présente des exigences maximalistes pour la solution de la question de Chypre.

Concernant la politique étrangère, M.ANASTASIADES propose que Chypre devienne membre de du programme de l’OTAN « Partenariat pour la Paix ». Cette position est aussi adoptée par M. LILLIKAS. Développant cette proposition M.ANASTASIADES a dit que, s’il est élu, il entamera des consultations pour notre adhésion à l’OTAN. Dans ce cas nous interpellerions les instigateurs du crime commis en 1974 pour leur demander de  devenir juge et de rendre la justice ?  Mais réfléchissons. Comment pouvons nous interpeller pour réclamer nos droits une Organisation dont le secrétaire général a appelé la Turquie un « allié précieux »  pour lequel les Etats membres de l’OTAN feront tout pour le défendre ? Comment pouvons-nous mettre nos espoirs dans une Organisation qui viole le Droit International depuis des décennies, l’interpeller pour qu’elle intervienne en faveur de Chypre ? Le seul résultat d’une telle adhésion serait de transférer la question de Chypre du cadre de l’ONU vers l’OTAN.

Mais il y a encore un autre aspect. En particulier maintenant, alors  que nous sommes obligés, à cause de la crise financière, de contrôler strictement l’Etat social, nous devrions forcer le peuple chypriote à donner des millions chaque année pour contribuer aux dépenses de l’OTAN ? L’exemple de la Grèce n’est que trop clair. Bien que le peuple grec traverse une phase économique extrêmement difficile, la Grèce continue de verser entre 22,4 et 28 Millions de Dollars US par an au budget de l’OTAN. Ces forces et ces milieux, qui proposent l’adhésion au « Partenariat pour la Paix » et à l’OTAN,  non seulement jetteraient Chypre dans la gueule du loup, mais ils l’obligeraient aussi à nourrir le loup ! Par conséquent, la prochaine fois que M.ANASTASIADES fera des promesses avantageuses, par exemple celle de réduire son propre salaire de 25%, il devrait dire au peuple de Chypre que cela fera une économie de quelques milliers d’Euros sur le salaire présidentiel mais qu’en contrepartie le peuple de Chypre devra payer des millions d’Euros pour les opérations de l’OTAN.

Le prochain Président de la République de Chypre ne devra non seulement traiter la question de Chypre, mais aussi gérer les problèmes de l’économie qui sont  au centre du débat public depuis déjà un certain temps. Récemment, Mme MERKEL a dit qu’elle était prudemment optimiste  sur le recul de la récession dans la zone Euro, mais elle a ajouté qu’elle ne pouvait pas complètement  lever l’état d’alerte rouge. Qu’est-ce qui a placé toute l’Europe en état d’alerte rouge ? D’abord, et essentiellement, le fait que ses dirigeants n’ont pas su prévoir l’intensité et la profondeur de la crise, comme l’a admis M. BARROSO lui-même.  Ensuite, parce que, comme on pouvait s’y attendre, ils n’ont pas été capables de combattre cette crise  en appliquant les politiques d’austérité qu’ils continuent vouloir nous imposer.  A ce jour, le résultat de ces politiques est que 10  pays sur les 17 de la zone Euro  sont en récession, selon les statistiques  du troisième trimestre de 2012.  Il faut aussi remarquer le fait qu’il est hautement  probable que même des économies fortes, par exemple la France dont la dette a dépassé 90% du PNB au premier semestre de 2012, n’échapperont pas à la récession.  Alors, comment la petite économie chypriote, ouverte à tous vents, pourrait-elle vaincre la récession alors que la zone Euro toute entière est en récession ?

Beaucoup  de choses ont été dites et écrites pour déterminer à qui incombe la responsabilité de ce que Chypre ait dû, obligatoirement, appliquer le Mécanisme de Stabilité.  Ce que l’ensemble de l’opposition à Chypre a délibérément minimisé est le fait que la cause fondamentale de la situation économique actuelle est que la crise actuelle est une crise du système lui-même.   La preuve en est le fait que ce n’est pas Christofias qui est au gouvernement en Grèce, en Italie, en Espagne, en Irlande et au Portugal.  Les déclarations des officiels européens eux-mêmes confirment qu’il s’agit bien d’une crise systémique.

Il est inscrit dans la mémoire de tout Chypriote, quelle que soit son affiliation ou allégeance politique, que jamais, dans aucune autre circonstance, le parti AKEL n’a pris pour objet de discussion les propositions de la Troïka.  Mais peut-on en dire autant  concernant le parti DISY ? La position de la Troïka en faveur de la privatisation d’organisations semi-gouvernementales n’a-t-elle pas été la position de longue date du parti démocrate RALLY ?  En 2010 le parti DHSY a rendu publique une liste d’organisations semi-gouvernementales qu’il proposait  d’affranchir du contrôle d’Etat et de privatiser. En fait, il a réitéré sa position  en faveur de la privatisation de l’Autorité des Télécommunications pendant les négociations avec la Troïka, comme l’a déclaré le Président du DHSY lui-même. La position de la Troïka de reculer l’âge de la retraite n’est-elle pas conforme à la politique du parti DHSY ? C’est le député, président du  DHSY, qui a écrit des articles en faveur du recul de l’âge de la retraite jusqu’à 67 ans, en le liant à l’espérance de vie. La réduction de 15% des allocations sociales n’était-elle pas la proposition que M. AVEROF NEOPHYTOU et M.NICOLAS PAPADOPOULOS (Nota : respectivement députés et présidents du DHSY et du DHKO) voulaient soumettre à la Chambre des Représentants en Décembre dernier ? Personne ne devra plus jamais émettre l’argument totalement infondé suivant : « Si le Président Christofias  nous avait écouté  et pris les mesures que nous avions proposées, nous n’en serions pas arrivés à ce point ».  Cela est faux et ils ne le savent que trop bien. Même si  nous avions appliqué ces mesures contre les intérêts du peuple, aucun Gouvernement, en aucune circonstance,  n’aurait disposé d’une « réserve » de 10 milliards d’Euros disponible pour couvrir la dette créée par les banques.

MAARTEN, député et directeur général des Affaires Economiques et Financières de la Commission Européenne, représentant de cette Commission dans la délégation de la Troïka, parlant en Octobre 2012 à la conférence organisée par le journal «THE ECONOMIST », a dit : « Les peuples d’Europe paient le coûts de la crise dans la zone Euro, crise qui, dans son essence même, est une crise systémique et  a été causée en grande partie par les décisions des banques. L’affirmation qu’il s’agit d’une crise de  la dette prête à confusion. Oui, en Grèce il s’agit partiellement d’une crise de la dette, imputable à des problèmes de gestion. Mais les problèmes essentiels qui sont la cause de la crise résident dans les décisions des banques. C’est le cas en Espagne, en Irlande et aussi à Chypre ».  Néanmoins, à Chypre l’opposition, malgré sa sympathie pour Bruxelles, insiste à clamer le contraire de tout ce que M. VERVEIK a dit.

En notre qualité d’AKEL, nous avons aussi  clairement déclaré que si les banques chypriotes et l’ancien gouverneur de la Banque Centrale de Chypre ne s’étaient pas orientés vers l’achat d’obligations bancaires grecques, s’ils n’avaient pas permis notre dépendance énorme vis-à-vis de l’économie grecque, Chypre n’aurait pas été obligée d’avoir recours au Mécanisme. Le pire de tout est qu’ils ont acheté les obligations grecques à l’Allemagne, sur le marché secondaire ; les obligations étaient périmées,  mais pour les acquérir les banques avaient vendu tout ce qu’elles possédaient auparavant ! Malgré cela, l’opposition insiste à ne pas admettre que si le Gouvernement n’avait pas été obligé d’épauler les banques dans leurs « erreurs criminelles », comme M.AVEROF NEOFYTOU les décrit rétrospectivement, il n’y aurait été aucunement nécessaire d’avoir recours au Mécanisme de Stabilité. Nous avons déclaré et nous le répétons : même si le gouvernement CHRISTOFIAS n’avait pas supporté et augmenté le déficit budgétaire et la dette publique, la Troïka  serait quand même venue à cause des décisions erronées prises par les banques et l’insuffisance du contrôle exercée par l’ancien Gouverneur de la Banque Centrale.

Je suis certain qu’ils se dépêcheront de poser pompeusement la question suivante : «Comment l’économie de Chypre peut-elle enregistrer pendant plusieurs années des déficits fiscaux et un chômage croissant alors qu’AKEL persiste dans son obsession contre les banques et clame que le gouvernement n’est aucunement responsable de la situation» ?  Avant de répondre à cette question,  je dois dire que le Gouvernement n’a pas agi dans un environnement stable. Il a été appelé à s’attaquer à une situation en constante évolution. Il a été appelé à examiner et redéfinir sa stratégie en fonction des évolutions internationales et de l’impact sur notre économie des facteurs extérieurs. L’économie chypriote, touchée par les effets de la crise économique, à dû se confronter et s’attaquer à des problèmes et des inégalités non résolus depuis longtemps. Ceux-ci auraient pu être réglés au moyen de quelques mesures complémentaires. C’est la raison pour laquelle le gouvernement actuel a approuvé en 2009 deux importants paquets de mesures destinées à promouvoir le développement et concernant la situation financière. Il  faut signaler que même après que ces mesures ont été prises dans la perspective de corriger des problèmes structurels et les instabilités financières, en Décembre 2011,  les agences de notation ont procédé à un nouvel abaissement de la note de Chypre, exclusivement dû au secteur bancaire.

Des erreurs et  des omissions ont été faites, comme tout gouvernement peut en faire. Cependant, ces erreurs et omissions ne peuvent en aucun cas être comparées à celles commises par le secteur bancaire.

Le DHSY et d’autres partis politiques ne cessent de répéter que le Président Christofias  a dit que Chypre restera « non touchée » par la crise économique. Il se réfèrent probablement à son discours d’Octobre 2008 dans lequel il disait textuellement : « Si seulement cette crise n’avait pas touché notre pays. Au moment présent nous nous sentons indemnes et je pense que la convalescence au plan international laissera Chypre indemne. Nous allons réfléchir et examinerons toutes les questions de manière très attentive avec le Ministre des Finances ».  Y a-t-il eu une « convalescence au plan international » et Chypre est-elle la seule à rester bloquée dans la crise ?  Pendant la même période la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Chypre (CCCI) déclarait que « L’économie chypriote a des fondations saines et son taux de croissance est le plus élevé de tous les pays de la zone Euro ». M. NICOLAS PAPADOPOULOS lui-même déclarait : « Nous aurons des effets sur notre économie réelle, mais pas sur notre système financier qui se situe parmi les plus puissants dans le monde ». Par conséquent, si quelqu’un veut parler de prédictions erronées, il doit relire ce qu’ont dit les uns et les autres à cette époque.

Cependant, s’il faut accuser 24 heures par jour le Président Christofias  d’avoir fait cette déclaration, alors pourquoi exonérer de toute critique la déclaration  de M. ATHANASIOS ORPHANIDES faite en 2011 et dans laquelle il stipulait : « Les banques chypriotes peuvent résister à une baisse drastique des obligations grecques » ? Ou bien de son interview à l’agence de presse internationale Reuters, à la même période, dans laquelle il indiquait  que les banques chypriotes avaient non seulement les capitaux nécessaires pour couvrir les pertes sur les obligations grecques, mais que la Banque Centrale elle-même, lorsqu’elle détecte un risque accru dans les appels à investissements, apporte son soutien aux banques pour augmenter leur capacité capitalistique leur permettant de contrebalancer les risques encourus ? Le plus surprenant est que l’opposition a demandé la tête du Président Christofias  parce qu’il n’a pas été capable de prédire en 2008 quelque chose qu’aucun habitant de la planète n’avait alors pu prédire : à savoir la direction, l’intensité et la durée de la crise économique.  Quant à  M. ORPHANIDES qui,  — en tant que Gouverneur de la Banque Centrale, membre de la Banque Centrale Européenne et de beaucoup d’autres organes internationaux –, savait ou aurait dû savoir  quels effets les baisses drastiques des obligations grecques auraient sur les banques chypriotes, tous les partis politiques,  à l’exception d’AKEL,  non seulement n’ont pas demandé son départ, mais ont insisté pour qu’il soit reconduit comme Gouverneur lorsque son mandat était venu à son terme.  Tous les évènements survenus depuis lors  confirment irréfutablement ce qui est indiqué plus haut  —  et ce n’est pas parce que c’est le parti AKEL qui le dit.

On impute au gouvernement la responsabilité de ne pas avoir pris des mesures pour contrebalancer ou compenser la baisse drastique grecque. Les forces et les milieux qui font cela prétendent qu’au moment où l’Euro était suspendu à un fil fragile, où la Grèce faisait face au spectre de la faillite et où l’Allemagne et la France n’étaient pas disposées à accepter des concessions, la République de Chypre aurait été capable d’imposer des conditions à l’approbation du paquet de renflouage pour l’économie grecque.  C’est la pire démagogie qui soit, totalement inacceptable même à titre de plaisanterie.

En outre, alors que le gouvernement de accusé de haute trahison au sujet de la dette grecque, les émotions ne semblent pas être aussi fortes concernant les actions du Gouverneur de la Banque Centrale. Cinq mois plus tard et alors que la saignée imposée aux banques par la dette grecque était déjà connue, il a donné son consentement au transfert de la filiale de la banque “MARFIN EGNATIA” à la Banque Populaire dont elle devenait une branche. En vérité, comment peut-on appeler  cet acte de M. ORPHANIDES ?

Il est critique et urgent que des investigations mettent en lumière les responsabilités de toutes les forces dont les décisions et omissions ont mené à la dette des banques. Tout aussi cruciale et impérative est la nécessité d’identifier et de souligner les responsabilités de tous ceux qui ont apporté une couverture politique et leur soutien à cette approche politique que le Gouverneur de la Banque Centrale et d’autres ont soutenue, mais aussi pour une série de décisions qui ont contribué à la libération des emprunts sans aucune garantie, à l’intérieur et à l’extérieur de Chypre ;  toutes décisions qui ont nourri dans le public de faux espoirs sur des emprunts illimités qui seraient accordés aux entreprises et aux ménages.

Le recours au Mécanisme Européen, tant pour la recapitalisation u secteur bancaire que pour le refinancement de la dette public, tait inévitable. L’accord initial entre le gouvernement et la Troïka a été fait sous la pression des situations existantes créées dans l’économie. Le paquet global de mesures comprend des mesures douloureuses pour les travailleurs et qui affecteront sans aucun doute les revenus de tous les membres de la société. Contrairement aux autres dossiers  soumis à la  signature de mémorandums par les gouvernements, le gouvernement Christofias a cherché, au moyen de la négociation, à sauvegarder des principes fondamentaux essentiels. Contrairement à ce que tous les partis politiques – à l’exception d’AKEL —  disaient en appelant à la signature immédiate du Mémorandum quel que soit son contenu, la proposition du Gouvernement s’est efforcée de sauvegarder les droits souverains de la République de Chypre sur la richesse publique et à appliquer,  parmi les mesures de rationalisation des finances publiques, la moins sévère possible dans les circonstances données.

Le gouvernement a été appelé a soumettre un paquet complet de contre-mesures en réponse aux exigences de la Troïka. C’est la raison pour laquelle l’accord initial qui a été signé n’est pas une proposition qui part de zéro. Au contraire, tout en cherchant à satisfaire aux exigences de la Troïka, il a pris soin de sauvegarder les principaux points suivants :

  • Reculer la date d’application de la consolidation fiscale jusqu’en 2016, c’est-à-dire la reporter d’un an pour garantir que l’application du Mémorandum sera moins sévère.
  • Accorder un délai de grâce pour le premier paiement des remboursements d’un prêt.
  • Sauvegarder la souveraineté de la République de Chypre  sur la gestion du gaz naturel et l’exploitation des revenus générés par celui-ci.
  • Maintenir l’institution de l’Allocation Automatique de Vie, qui est la plus grande conquête de la classe travailleuse.
  • Maintenir l’institution du 13ème mois de salaire, qui protège les travailleurs et parallèlement consolide le pouvoir d’achat et la consommation.
  • Eviter,  en grande partie, d’étendre les réductions budgétaires  indifférenciées, en prenant des mesures d’échelonnement qui tiennent compte d’un partage distributif plus juste entre les membres de la société, chacun participant selon ses capacités.
  • Ne pas adopter la proposition de la Troïka concernant les privatisations et la vente de la propriété d’Etat.

 

Bien que l’on devrait s’attendre à ce que le gouvernement trouve des alliés dans cet effort, il  n’a rencontré que des pressions alarmantes pour qu’il signe immédiatement le Mémorandum, sans aucune négociation pour s’assurer des sauvegardes. On devait presque s’attendre à cela, notamment de la part du candidat à la Présidence et Président du parti démocratique RALLY,  NIKOS ANASTASIADES. Son but est de créer une situation telle à lui permettre plus tard d’invoquer la nécessité d’appliquer des politiques contraires aux intérêts du peuple.

Nous nous plaçons du côté opposé. Notre propre effort consiste à élaborer une proposition politique de prospérité et de croissance. C’est un fait que le règlement de la crise ne concerne pas uniquement Chypre et ne peut pas être une œuvre isolée accomplie par Chypre seule. Confrontés à l’austérité en cours, notre objectif doit être la cohésion sociale, la croissance et le développement.

A cette fin, le prochain Président devra aussi gérer l’énorme chantier que le Président Christofias a ouvert pour notre pays, le gaz naturel. La mise en mouvement d’avancées menant à l’extraction du gaz naturel,  qui transformera Chypre en une centrale énergétique, donne aussi, très certainement, naissance à une perspective nouvelle de résolution de la question de Chypre et de régénération de notre économie.

Si aujourd’hui Chypre a cet énorme espoir, cela est dû a la manière positive par laquelle a été traité et géré la question des accords concernant la Zone Economique Exclusive et l’extraction des hydrocarbures. Cela est dû au travail déterminé du gouvernement Christofias et à l’action du Président lui-même qui, en mettant en oeuvre une politique transparente et adéquate, a réussi, malgré les menaces de la Turquie, à sauvegarder les droits souverains et la richesse naturelle de Chypre. Ce qui a été réalisé est une chose totalement inimaginable pour n’importe quel pays semi-occupé.

Arrivé à ce point, je dois rappeler que,  malheureusement sur cette question aussi,  l’opposition a essayé de provoquer des difficultés.  La proposition soumise par STAVROS MALAS, le candidat à la Présidence de la République soutenu par AKEL, stipule que procéder aussi tôt que possible à l’exploitation  de notre richesse naturelle,  est une absolue priorité.  Quant à son utilisation, STAVROS MALAS ne veut certainement pas dire de vendre notre Zone Economique Exclusive aux enchères, comme l’a proposé M. LILLIKAS,  de manière plutôt malvenue et sans hésiter.

Ce que nous proposons est d’exploiter notre richesse naturelle aussi tôt que possible pour le bénéfice de notre peuple, en  favorisant la croissance et accélérant le développement  au moyen d’infrastructures et la création de nouveaux emplois. La proposition soumise par MALAS présente la stratégie de notre pays pour les dix prochaines années et la création de structures permettant de planifier correctement, mettre en œuvre et pratiquer une politique de développement, en tenant compte des trois piliers qui sont : attirer les investissements étrangers, assainir le secteur bancaire et réguler la fiscalité.

Outre cela, il est proposé ce qui suit :

  • La création d’emplois dans les secteurs liés au gaz naturel, comme le stockage et le transport d’énergie, ainsi que par l’extension de la communauté des chercheurs dans le domaine énergétique.
  • La création d’emplois pour de jeunes scientifiques, en liaison avec la mise en place de programmes de recherche.
  • L’enrichissement de notre offre touristique, par l’apport d’idées nouvelles.
  • L’exploitation de nouvelles opportunités dans le domaine de la science et de la recherche, faisant de Chypre un pôle de la recherche dans notre région.
  • L’introduction de l’économie scientifique et technologique dans les projets de développement, en utilisant les pratiques économiques nouvelles, tels que le commerce électronique et les technologies numériques.
  • La réduction du coût disproportionné des emprunts par les banques et des charges excessives pour les petites et moyennes entreprises.
  • L’introduction d’une catégorie fiscale « sans impôt », en faveur de toute personne âgée de moins de 35 ans qui créé son entreprise, pendant une durée de 5 ans dans les villes et de 10 ans à la campagne.
  • La promotion prioritaire de projets présentant une valeur ajoutée plus élevée et une  forte intensité de main d’œuvre, dans le but d’augmenter le nombre des emplois.
  • L’élaboration d’une planification cohérente pour l’utilisation universelle des Fonds de l’UE dans le nouveau programme pour la période 2014 – 2020.

 

Ce qui est certain, c’est que, en notre qualité d’AKEL, nous ne sommes pad du tout satisfaits que Chypre soit obligée de se soumettre à un Mémorandum avec le Troïka. Pour nous, cela constitue une évolution négative. Il est pour le moins indécent pour l’opposition d’accuser le parti AKEL de vouloir conquérir  des bénéfices et des droits au moyen du Mémorandum, alors qu’AKEL a pavé le chemin vers le développement d’un Etat providence et la conquête des droits des travailleurs,  tandis que d’autres ou bien n’existaient même pas, ou bien exerçaient le rôle ingrat de briseurs de grève ou  encore étaient au service du colonialisme ou du capital intérieur.

En outre,  on peut affirmer que la politique qu’ils ont pratiquée dans le passé est à l’image de la politique qu’ils pratiqueront à l’avenir. C’est la raison pour laquelle ils devraient être plus humbles dans leurs expressions verbales et leurs actions. Jusqu’à hier, alors qu’AKEL soutenait le Président Christofias  pour sauver l’Allocation Automatique de Vie et le 13ème mois de salaire et les milliers d’emplois des organisations semi-gouvernementales, jour après jour ils n’avaient cesse de miner la position négociatrice du Président en présentant des amendements quotidiens. C’est la raison pour laquelle ils ne devraient pas donner des leçons à AKEL. Nous resterons vigilants et continuerons à travailler, en dépit de tous les obstacles et  embûches, pour protéger les intérêts du peuple chypriote,  pour vaincre les difficultés et regarder vers le futur avec optimisme, avec foi dans notre peuple et dans son  pouvoir à conquérir un avenir meilleur, la réunification et la prospérité de Chypre.

 

 

 

 

 

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